En 788, un chérif arabe s'installe à Volubilis, fait amitié avec les chefs berbères et crée une ville, Madinat al-Fas (Fès), dont il se couronne roi, sous le nom de Idriss 1er. Pendant deux cents ans, les assassinats se succèdent ; Omeyyades espagnols et Fatimides tunisiens s'affrontent. De même que, en Andalousie, la guerre de succession wisigothique avait ouvert la porte aux Berbères, une grande tribu de nomades sahariens va régler les conflits marocains, en s'emparant du pouvoir.
En 1073, un chef almoravide, Youssef ben Techfine entame la conquête du nord du Maroc, de l'Algérie et d'al-Andalus, soit un puissant empire musulman, sur lequel les Almoravides régneront jusqu'au milieu du XIIème siècle, avant que leur chef ne soit assassiné par les Almohades. En 1150, le calife almohade Abdel Moumen règne sur un gigantesque empire. l'Espagne, le Maghreb entier et jusqu'à la Libye. Les Rois catholiques espagnols ne vont pas tarder à lui en reprendre une partie. La reconquista dure deux cent quatre-vingts ans (1212/1492), et cette longue période est aussi le commencement de la fin pour les Almohades.
Les Mérinides, une tribu de nomades venue cette fois du Sud algérien (Tlemcen), avancent vers le nord du territoire, créant au passage des pistes caravanières dont ils ont besoin, et qui préfigurent une partie des routes actuelles. En 1276, le premier sultan mérinide, Abou Youssef Yacoub s'installe à Fès et monte jusqu'à Marrakech. Plus cultivés que guerriers, les trois sultans Mérinides qui se succèdent en quatre-vingt-dix ans, n'agrandiront pas leur royaume, mais ils donneront au Maroc un élan intellectuel, bâtiront les villes impériales, avec ce faste dont nous retrouvons la trace (la Koutoubia, la tour Hassan, la Giralda de Séville) et encourageront lettrés et voyageurs à aller voir le monde, à raconter ce qui se passe dans les étranges pays qu'ils ignorent. C'est ainsi qu'Ibn Battuta visitera La Mecque, une partie de la Russie et l'Asie centrale, l'Inde, les Maldives et jusqu'à Pékin et Ceylan, avant l'Espagne et l'Afrique noire. Et, des décades durant, ses récits feront autorité dans le monde, en matière de connaissances géographiques. Cette élégante culture ne suffit pas à leur garder le trône. Le dernier des Mérinides est assassiné par un proche et, après la longue période de gabegie qui suit, les Portugais mettent la main sur les côtes atlantiques marocaines. C'est à eux que les ports d'Asilah, de Tanger, Larache, Agadir, Essaouira, Safi... doivent leurs massives fortifications. Leurs brutalités, les razzias, les assassinats auxquels ils se livrent, finiront par provoquer une révolte dans la population. Des chorfa (chérif, au pluriel), qui se disent descendants du Prophète, se répandent dans les campagnes, prônant la djihad, la résistance aux Portugais chrétiens, donc infidèles. Les Saadiens, soi-disant chorfa, qui prennent la tête du mouvement, n'ont évidemment pas la seule défense de la religion en tête. Ils agissent en opportunistes, en s'emparant des pistes caravanières. Leur excès d'ambition ramènera les Portugais et offrira le pouvoir à d'autres dynasties. Pour faire court, on peut dire que de 1511, arrivée des Saadiens, à 1664, guerres contre les chrétiens et guerres civiles se succèdent. Jusqu'à l'arrivée de Moulay Ali Chérif, le premier des Alaouites. Près de huit siècles plus tard, passé des guerres et un protectorat, la dynastie est toujours au pouvoir...