Avec des hauts et des bas, les fils de Moulay Chérif finiront de donner au Maroc l'essentiel de sa splendeur actuelle. Le plus brillant des souverains alaouites, Moulay Ismaîl, contemporain de Louis XIV, crée notamment Meknès, mais aussi fait aussi construire Essaouira, tel que nous le connaissons, et au pied de la colline de Anfa, édifie la ville qui va devenir le plus important port d'Afrique du Nord, Casablanca. Mais la paix semble un vain mot au Maroc. Le grand Moulay Ismaîl mort en 1727, les tribus de l'Atlas, n'ayant plus à craindre sa main de fer, commencent à s'agiter, cherchent à conquérir les côtes ; les factions religieuses sèment le trouble dans les campagnes fils et frères se disputent le pouvoir. Le Maroc est criblé de dettes, ne possède pas d'armée. À partir de 1800, Espagnols et Français vont profiter de ces divisions. Les Européens commencent à créer des « consulats », c'est-à-dire des comptoirs commerciaux , en 1930, ils sont près de cent mille installés un peu partout au Maroc ; ils seront un demi-million à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1844, les Marocains perdent la bataille de l'Isly (Algérie) ; en 1859, les Espagnols se lancent à l'assaut du Sahara ; comme sous la France féodale, de nombreux caïds (seigneurs) ont plus de pouvoir que le sultan, tel le Glaoui de Marrakech.
En 1906, l'empereur d'Allemagne, Guillaume II, est à Tanger. L'année suivante, sous le prétexte de pacifier la région, les Français déjà installés en Algérie, traversent le Maroc occidental et, après quelques combats contre les Espagnols (au sud) et les Allemands (Agadir), offrent leur « protectorat » au sultan Moulay Hafid. Celui-ci signera avec Lyautey, le 30 mars 1912, le traité de Fès, qui lui laisse un pouvoir apparent seulement. Ce qui n'empêchera pas des milliers de Marocains d'aller se battre sur les fronts sanglants de Verdun et de la Somme, durant la guerre de 1914/1918. Toutefois, le Maroc profite d'un début de modernisation, et ses enfants apprennent "nos ancêtres les Gaulois..." De 1939 à 1945, une fois de plus, les Marocains s'engagent aux côtés des Français, dans la Seconde Guerre mondiale, mais l'heure des revendications a sonné. Les mouvements indépendantistes s'agitent depuis quinze ans et le sultan Mohammed ben Youssef réclame l'indépendance.. Pour toute réponse, il est déporté à Madagascar en 1953.
Deux ans plus tard (novembre 1955), la France, incapable de contenir les factions qui se soulèvent de toutes parts, le rappelle. Accueilli en triomphe par son peuple, Mohammed V exige l'indépendance. Le traité est signé le 2 mars 1956. En octobre, l'Espagne quitte l'essentiel du nord et Tanger...