En 1959, l'Istiqlal avait éclaté et son aile gauche, conduite par Medhi Ben Barka, avait fondé l'Union nationale des forces populaires (UNFP) revendiquant auprès du roi une plus grande démocratisation. Mais Mohammed V mourut en 1961, et son fils, Hassan II, lui succéda. Il signa une charte royale, instituant une monarchie constitutionnelle approuvée, en décembre 1962, par un référendum boycotté par l' UNFP. De violentes manifestations obligèrent le pouvoir à se séparer du gouvernement trop conservateur présidé par Allal el-Fassi. Cependant, en juin 1965, après des émeutes populaires violemment réprimées, le roi suspendit le Parlement et assuma les pleins pouvoirs, occupant également la fonction de Premier ministre. À la fin de l'année éclata l'«!affaire Ben Barka!» et la disparition non élucidée du leader de l'UNFP, vraisemblablement assassiné, opposa durablement la gauche au souverain.
Le roi soutint la cause arabe en 1967 lors de la guerre contre Israël et s'employa à consolider l'unité arabe, en fondant le comité Al-Qods (nom arabe de Jérusalem) en faveur du retour de la Ville sainte à l'islam. En 1970, un nouveau référendum constitutionnel renforça les pouvoirs de l'exécutif. En 1971, à Skhirat ( skirat ), et en 1972, au cours d'un voyage aérien, Hassan II échappa à deux attentats, dont le dernier avait été fomenté par le général Oufkir. Le souverain reprit le contrôle d'une situation qui semblait lui échapper en s'engageant dans le processus de récupération du Sahara-occidental, une cause qui réunissait toutes les forces populaires et politiques marocaines, jusqu'au Parti communiste : une «!Marche verte!» fut organisée en 1975. L'unité nationale ainsi réaffirmée fut ébranlée en 1981 : l'augmentation des prix des produits de base déclencha de nouvelles émeutes à Casablanca, cité tentaculaire dont la population avait augmenté de près d'un million d'habitants en quatre ans, en raison de l'exode rural et de l'extension des cultures industrielles au détriment des cultures vivrières.
Face au malaise social et confronté aux critiques nationales et internationales concernant les violations des droits de l'Homme, Hassan II multiplia, en vain, les offres d'ouverture vers l'opposition. En 1988 s'amorça le rapprochement avec l'Algérie, laquelle représentait un important marché pour les céréales marocaines. Il se concrétisa, l'année suivante, par la création de l'Union du Maghreb arabe (UMA).
Aux contestations républicaines s'ajouta, dans la même période, l'essor d'un mouvement islamiste. Commandeur des Croyants, descendant du Prophète et fondateur du comité Al-Qods, Hassan II s'est employé à neutraliser les islamistes sur leur terrain en lançant la construction d'une immense mosquée à Casablanca dotée d'un minaret de 172 m (le Phare de l'islam), inaugurée en 1988. Après de nouvelles émeutes populaires à Fès, en 1990, Hassan II gracia, en 1991, 2 000 détenus, dont des prisonniers sahraouis, et fit libérer les 32 derniers prisonniers du bagne de Tazmamart, qui fut rasé. En juillet 1994, une nouvelle grâce royale fut accordée et, en juin 1995, après vingt-neuf ans d'exil, l'opposant Mohammed Basri, l'un des fondateurs de l'UNFP, fut autorisé à rentrer dans son pays.
Cette libéralisation, jugée encore insuffisante par l'opposition s'est accompagnée de négociations avec l'Union européenne (UE). En novembre 1995, le Maroc, qui a donné son accord à la construction d'un pont sur Gibraltar, signa avec l'UE un important accord d'association.